De ces groupes dont, par le passé, les noms brillaient, on n'attend plus rien. Parce que le parcours a déçu, parce que la qualité s'est raréfiée, voir a disparue. Ou tout simplement parce que ce qui appartient au passé... appartient au passé...
On souhaite souvent qu'il en reste ainsi, que nos références originelles se figent dans notre esprit comme une époque, une appartenance à un moment révolu. On parlera d'influence indélébile, comme un épais trait noir liant une date à une autre. On rangera, catégorisera, placera dans le temps ce soliste ou ce groupe qui a "fait date dans l'histoire".
On pourra par ailleurs y revenir, régulièrement ou ponctuellement, apprécier encore, de longues années après, ce qui a "bien vieilli" ou ce qui nous rappelle à nos bons souvenirs. Mais seuls s'ancreront à jamais dans nos mémoires les premiers faits d'armes, pierres servant de base à des édifices plus ou moins grands mais dont l'achèvement de la construction nous importe peu.
Si notre coeur a définitivement digéré la rupture, nos oreilles se laisseront cependant trainer lorsque l'un de ces noms anciennement fameux refera surface. Par le fait d'une curiosité exacerbée intimment lié au "tout connaître, tout savoir". Ou par celui d'un voyeurisme sadique, attendant patiemment tapis dans l'ombre, rictus aux lèvres, le premier faux pas musical qu'il nous saura donné d'apprécier.
Dans ce marasme de préjugés, un point positif se dégage : l'objectivité. Puisque l'on ne souhaite rien jusqu'à en avoir oublier de vouloir être surpris, puisque le "nom" n'est plus là que pour que le pied d'estale soit plus haut et ainsi la chute plus douloureuse, que se passe-t-il quand on en vient à trouver ça bien ? Un sentiment déroutant d'imprévisible tant la logique que l'on connaît, que l'on s'était fixée est ébranlée.
Rien ne dira si le temps consacrera notre sentiment premier mais l'effet ressenti en aura valu la peine, même dans l'éphémère le plus total...
