Baxter Dury - Leak At The Disco
Il n'y a pas sensation plus émouvante qu'une joie mélancolique. Le sentiment n'a rien de confortable au premier abord, ne sachant pas de quelle façon manifester le ressenti eprouvé. Mais la vie n'est-elle pas faite de choix ? Et n'est-ce pas des plus agréables que de pouvoir vivre un morceau en fonction de l'état dans lequel nous sommes ?
Le fils de Ian Duris est un conteur des temps modernes, narrant ses visions intrinsèques sur un ton monotone, laissant à ses accompagnatrices le soin d'embellir et d'emballer sa musique telles des sirènes naviguant entre les pintes d'un vieux pub de Shoreditch.
Dans ces ballades oniriques, le jour et la nuit se confondent, l'espace temps se dissipe. En particulier sur "Leak At The Disco", chaque élément joue un rôle essentiel dans la construction d'une musicalité progressive, entre envolées lyriques et ruptures de rythme ponctuelles. Le tour de force étant que dissociés les uns des autres, ces éléments possèdent tous une profondeur inouïe. Mais s'ils paraissent légers et épurés de façon isolée, cette jonction des uns aux autres crée une sorte de feu d'artifice dont les chutes viendraient se poser sur un lit de nuages cotonneux.
Pour notre plus grand plaisir, Baxter Dury n'est pas homme à livrer des "one song album". Homogène et concis, les 9 autres morceaux présents sur "Happy Soup" sont d'une qualité similaire, prolongeant ainsi la ballade sans sursauts ni volonté de prendre des raccourcis. Une chose rare en ces temps où EP et single - parfois synonyme de féneantise et manque d'inspiration - sont devenus rois...
Il y a les bons albums, les très bons albums et les albums de l'année.
L'entête va bien au-delà de l'appréciation, c'est une couronne qui est décernée, un trône qui est délivré. À juste titre, on jugera de la pertinence de l'autorité ayant proclamé un tel sacrément. Car de sa position, de son influence et de ces choix habituels découleront le niveau de crédibilité accordé.
C'est le cas de l'album "A Sufi and A Killer" sorti en 2010 sur Warp par Gonjasufi, rastaman ayant troqué le reggae de ses confrères contre une expérimentation sonore affûtée, et Gaslamp Killer, blanc bec à la chevelure aussi délurée que ses mixs sont éclectiques. À la différence prêt que la réalisation de nos deux amis a fait l'unanimité. C'est donc une multitude de sources, presse spécialisée, webzines et blogs réunis qui ont applaudi en cœur la naissance de cet album prodige. Difficile alors de contester une place qui semble dûment méritée tant la diversité des proclamateurs est vaste.
On se laisse donc aller à faire défiler les 19 pistes de la dite pépite. Et au bout du chemin, le constat est sans équivoque : l'ovni qui a été mis à notre portée n'est pas un passe-partout mais bien un objet de connaisseurs, ce genre de petite merveille que l'on pourrait découvrir dans une brocante et dont très peu de personnes pourraient estimer ou apprécier la valeur.
Mais si notre culture musicale est assez large, si le champ des limites de notre univers sonore n'a quasiment aucunes barrières, c'est l'émerveillement qui s'offre à nous.
Chaque morceau possède une identité propre, existe par lui-même sans avoir besoin des autres sans pour autant nuire à la cohérence globale de l’œuvre. Que des formats courts comme pour jongler constamment et sans s'attarder entre les très nombreuses influences de l'homme aux longues dreadlocks.
Et une fois n'est pas coutume, pourquoi ne pas pénétrer au sein de cet univers avec une production de Flying Lotus, l'homme par qui le miracle est arrivé. Ambiance lancinante aux accents hindous mettant superbement en exergue cette voix étrangement aiguë, on peut être certain que les ancêtres de Gonjasufi n'auront pas à se retourner dans leurs tombes...
Devin The Dude - Hope I Don't Get Sick A Dis
Paraît-il donc que durant ces 10 dernières années, pendant que les miens et moi-même écoutions notre fameux Golden Age et autres vagues indépendantes pour le coup très actuelles, un mouvement énorme à pris le pas sur notre "rap game"...
Paraît-il que cette influence a puisé des deux côtés de la barrière, définissant une frontière entre l'underground et le mainstream et imposant par la même occasion un état aux yeux et à la barbe des côtés Est et Ouest : le Sud...
Paraît-il que lorsque l'on se plonge dedans, on comprend mieux la tendance rap actuelle, les instrus minimalistes, synthétiques et les flows laid-back qui bouleversent énormément notre vision et nos habitudes, loin du travail du sample et de la culture de la technicité dans le phrasé...
2002. Un rappeur comme beaucoup d'autres avant lui se lance sur grand écran. Entreprise de progression artistique immuable serait-on tenté de penser avec rôle de gangster, de représentant "authentique" du ghetto ou de seconde main à la clé - permettant d'ajouter un nom, à la renommée certaine, de plus au générique.